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ACTE II, SCÈNE II. 46 ?

Non pas une carcasse aux chiens abandonnée :

Que nos cœurs aujourd’hui soient comme un maître ]ial)ilo

(Jui fait par ses laquais commettre quelque crime,

Et qui les gronde ensuite. Ainsi notre vengeance

Paraîtra nécessaire, et non pas odieuse.

Nous serons médecins, et non pas assassins.

Ne pensons plus, amis, à frapper Marc-Antoine :

Il ne peut, croyez-moi, rien de plus contre nous

Que le hras de César, quand la tète est coupée.

CASSIUS.

Cependant je le crains ; je crains cette tendresse Qu’en son cœur pour César il porte enracinée.

BRUTUS.

Hélas ! bon Cassius, ne le redoute point ;

S’il aime tant César, il pourrait tout au plus

S’en occuper, le plaindre, et peut-être mourir :

Il ne le fera pas, car il est trop livré

Aux plaisirs, aux festins, aux jeux, à la débauche.

ÏRÉBOMUS.

Non, il n’est point à craindre ; il ne faut point qu’il meure ; Nous le verrons ])ientôt rire de tout ceci.

(Oa entend sonner l’horloge ; ce n’es ! pas que les Romains eussent des horloges sonnantes, mais le cosiume est observé ici comme dans tout le reste.)

BULTLS.

Paix, comptons.

cAssius. Vous voyez qu’il est déjà trois heures.

TUÉBOMUS.

Il faut nous séparer.

CASCA.

Il est douteux encore Si César osera venir au Capitole. 11 change, il s’abandonne aux superstitions ; 11 ne méprise plus les revenants, les songes ; Et l’on dirait qu’il croit à la religion. L’horreur de cette nuit, ces effrayants prodiges, Les discours des devins, les rêves des augures, Pourraient le détourner de marcher au sénat,

DÉCIUS.

Ne crains rien ; si telle est sa résolution,

Je l’en ferai changer. Il aime tous les contes ;

Il parle volontiers de la chasse aux licornes ;

7. — Théâtre. VI. 30