Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/473

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE II, SCÈM< : II. 463

. GASCA.

Avouez que tous deux vous vous êtes trompés :

Tenez, le soleil est au l)nut de mon épée ;

Il s’avance de loin vers le milieu du ciel,

Amenant avec lui les beaux jours du printemps.

Vous verrez dans deux mois qu’il s’ap|)roclie de l’ourse ;

Mais ses traits à présent frappent au Capitole\

BRLTUS.

Donnez-moi tous la main, amis, l’un après l’autre.

CASSILS.

Jurez tous d’accomplir vos desseins généreux.

BRUTUS.

Laissons là les serments. Si la patrie en larmes.

Si d’horribles abus, si nos malheurs communs,

Ne sont pas des motifs assez puissants sur vous.

Rompons tout ; hors d’ici, retournez dans vos lits ;

Dormez, laissez veiller l’affreuse tyrannie ;

Que sous son bras sanglant chacun tombe à son tour.

Mais si tant de malheurs, ainsi que je m’en flatte.

Doivent remplir de feu les cœurs froids des poltrons,

Inspirer la valeur aux plus timides femmes,

Qu’avons-nous donc besoin d’un nouvel éperon ?

Quel lien nous faut-il que notre propre cause ;

Et quel autre serment que l’honneur, la parole ?

L’amour de la patrie est notre engagement ;

La vertu, mes amis, se fie à la vertu ^

Les prêtres, les poltrons, les fripons, et les faibles.

Ceux dont on se défie, aux serments ont recours.

Ne souillez pas l’honneur d’une telle entreprise ;

Ne faites pas la honte à votre juste cause

De penser qu’un serment soutienne vos grands cœurs.

Un Romain est bâtard s’il manque à sa promesse.

CASSICS.

Aurons-nous Cicéron ? Voulez-vous le sonder ? Je crois qu’avec vigueur il sera du parti.

CASCA.

Ah ! ne l’oublions pas.

1. On a traduit cette dissertation, parce qu’il faut tout traduire. (Note de Voltaire.) ^

2. Y a-t-il rien de plus beau que le fond de ce discours ? Il est vrai que la grandeur est un peu avilie par quelques idées un peu basses ; mais toutes sont naturelles et fortes, sans épithètes et sans langueur. {Note de Voltaire.)