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452 JULES CÉSAR.

CASCA.

Oui, si je suis en vie, si tu ne changes pas d’avis, et si ton dîner vaut la peine d’être mangé.

CASSIUS.

Fort bien, nous t’attendrons,

CASCA.

Attends-moi. Adieu, tous deux.

(Le reste de cette scène est en vers.) BRUTUS.

I/ôtrange compagnon ! qu’il est devenu brute ! Je l’ai vu tout de feu jadis dans ma jeunesse.

CASSIUS.

Il est le même encor quand il faut accomplir Quelque illustre dessein, quelque noble entreprise. L’apparence est chez lui rude, lente, et grossière ; C’est la sauce, crois-moi, qu’il met à son esprit, Pour faire avec plaisir digérer ses paroles.

BRUTUS.

Oui, cela me paraît : ami, séparons-nous ; Demain, si vous voulez, nous parlerons ensemble. Je viendrai vous trouver, ou vous viendrez chez moi : J’y resterai pour vous.

CASSIUS.

Volontiers, j’y viendrai. Allez ; en attendant, souvenez-vous de Rome.

SCÈNE YI.

CASSIUS.

Brutus, ton cœur est bon, mais cependant je vois

Que ce riche métal peut d’une adroite main

Recevoir aisément des formes différentes.

Un grand cœur doit toujours fréquenter ses semblables

Le plus beau naturel est quelquefois séduit.

César me veut du mal, mais il aime Brutus ;

Et si j’étais Brutus, et qu’il fût Cassius,

Je sens que sur mon cœur il aurait moins]d’empire.

Je prétends, cette nuit, jeter à sa fenêtre

Des billets sous le nom de plusieurs citoyens ;

Tous lui diront que Rome espère en son courage,