Et déjà, nous dit-on, nommé son successeur,
Tout indigne qu’il est de cet excès d’honneur.
Je ne puis voir ce roi ?
Sa sombre défiance
A tous les étrangers interdit sa présence ;
A regret aux siens même il permet son aspect :
Soit que l’éloignement impose le respect,
Soit que, changé par l’âge, et las du diadème,
Il se dérobe au monde, et se cherche lui-même.
Pour Ydace, ta fille, un ordre injurieux
Ne lui défendra pas de paraître à tes yeux.
Du reste des captifs elle vit séparée,
Au temple de Cérès en secret retirée :
Sa grâce, sa beauté, ses charmes plus flatteurs
Que la splendeur de l’or ou celle des grandeurs,
Font voler sur ses pas les cœurs à son passage[1],
Sans qu’elle ose penser qu’on lui rende un hommage…
Je la vois qui sur nous semble arrêter les yeux :
Au milieu des débris du temple de nos dieux :
Elle suit en pleurant cette simple prêtresse
Qui de son esclavage adoucit la tristesse.
Dans le saisissement que j’éprouve à la voir,
La consolation se mêle au désespoir.
C’est donc vous, ô ma fille ! ô malheureuse Ydace !
Scène II.
Je baigne de mes pleurs vos genoux que j’embrasse :
Je vous ai vu, mon père, et vers vous j’ai volé.
Chez les Syracusains qui vous a rappelé ?
- ↑ On lit dans Britannicus, acte III scène III :
Je vais voler partout les cœurs à mon passage.