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Scène IV

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irène, léonce, zoé.
irène

Que dois-je faire ? Ô Dieu !

léonce

Croire un père et le suivre.
Dans ce séjour de sang vous ne pouvez plus vivre
Sans vous rendre exécrable à la postérité.
Je sais que Nicéphore eut trop de dureté ;
Mais il fut votre époux : respectez sa mémoire...
Les devoirs d'une femme, et surtout votre gloire.
Je ne vous dirai point qu'il n'appartient qu'à vous
De venger par le sang le sang de votre époux ;
Ce n'est qu'un droit barbare, un pouvoir qui se fonde
Sur les faux préjugés du faux honneur du monde :
Mais c'est un crime affreux, qui ne peut s'expier,
D'être d'intelligence avec le meurtrier.
Contemplez votre état : d'un côté se présente
Un jeune audacieux de qui la main sanglante
Vient d'immoler son maître à son ambition ;
De l'autre est le devoir et la religion,
Le véritable honneur, la vertu, Dieu lui-même.
Je ne vous parle point d'un père qui vous aime ;
C'est vous que j'en veux croire ; écoutez votre coeur.

irène

J'écoute vos conseils ; ils sont justes, seigneur ;
Ils sont sacrés : je sais qu'un respectable usage
Prescrit la solitude à mon fatal veuvage.
Dans votre asile saint je dois chercher la paix
Qu'en ce palais sanglant je ne connus jamais :
J'ai trop besoin de fuir et ce monde que j'aime,
Et son prestige horrible... et de me fuir moi-même.

léonce

Venez donc, cher appui de ma caducité ;
Oubliez avec moi tout ce que j'ai quitté :
Croyez qu'il est encore, au sein de la retraite,
Des consolations pour une âme inquiète.
J'y trouvai cette paix que vous cherchiez en vain ;