Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/364

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE III


Scène I

.

Irène,Zoé.
zoé

Votre unique parti, madame, était d'attendre
L'irrévocable arrêt que le destin va rendre :
Une scythe aurait pu, dans les rangs des soldats,
Appeler les dangers, et chercher le trépas ;
Sous le ciel rigoureux de leurs climats sauvages,
La dureté des moeurs a produit ces usages.
La nature a pour nous établi d'autres lois :
Soumettons-nous au sort ; et, quel que soit son choix,
Acceptons, s'il le faut, le maître qu'il nous donne.
alexis, en naissant, touchait à la couronne ;
Sa valeur la mérite ; il porte à ce combat
Ce grand coeur et ce bras qui défendit l'état ;
Surtout en sa faveur il a la voix publique.
Autant qu'elle déteste un pouvoir tyrannique,
Autant elle chérit un héros opprimé.
Il vaincra, puisqu'on l'aime.

irène

Eh ! Que sert d'être aimé ?
On est plus malheureux. Je sens trop que moi-même
Je crains de rechercher s'il est vrai que je l'aime,
D'interroger mon coeur, et d'oser seulement
Demander du combat quel est l'événement,
Quel sang a pu couler, quelles sont les victimes,
Combien dans ce palais j'ai rassemblé de crimes.
Ils sont tous mon ouvrage !

zoé

À vos justes douleurs