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Scène III

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Irène,Zoé.
irène

Qu'a-t-il osé me dire ? Et quel nouveau danger,
Quel malheur imprévu vient encor m'affliger !
Il ne s'explique point : je crains de le comprendre.

zoé

Memnon n'est qu'un guerrier prompt à tout entreprendre :
Je le connais ; le sang d'assez près nous unit.
Contre nos courtisans exhalant son dépit,
Il détesta toujours leur frivole insolence,
Leurs animosités qui partagent Byzance,
Leurs tristes vanités que suit le déshonneur
Mais son esprit altier hait surtout l'empereur.
D'alexis, en secret, son coeur est idolâtre,
Et, s'il en était cru, Byzance est un théâtre
Qui produirait bientôt quelqu'un de ces revers
Dont le sanglant spectacle ébranla l'univers.
Ne vous étonnez point quand sa sombre colère
S'échappe en vous parlant, et peint son caractère.

irène

Mais alexis revient... César est irrité :
Le courtisan surpris murmure épouvanté.
Les états convoqués dans Byzance incertaine,
Fatiguant dès longtemps la grandeur souveraine,
Troublent l'empire entier par leurs divisions.
Tout un peuple s'enflamme au feu des factions...
Des discours de Memnon que veux-tu que j'espère ?
Il commande au palais une garde étrangère :
D'alexis, en secret, est-il le confident ?
Que je crains d'alexis le retour imprudent,
Les desseins du sénat, des peuples le délire,
Et l'orage naissant qui gronde sur l'empire !
Que je me crains surtout dans ma juste douleur !
Je consulte en tremblant le secret de mon coeur :
Peut-être il me prépare un avenir terrible :
Le ciel, en le formant, l'a rendu trop sensible.
Si jamais alexis en ce funeste lieu,
Trahissant ses serments... que vois-je ? Juste Dieu !