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le maître d’hôtel.

Ceux-ci ne sont pas si grands faiseurs de révérences. Messieurs les Tartares, pourquoi êtes-vous armés ? Venez-vous enlever notre voyageuse ? Nous la défendrions contre toute la Tartarie, entendez-vous ?

le tartare.

Ficik krank roc, roc krank freik.

le maître d’hôtel.

J’entends ; vous le voudriez bien, mais vous ne l’osez pas. Ah ! voici deux Lapons : comment ceux-là peuvent-ils venir deux à deux ? Il me semble que, si j’étais Lapon, mon premier soin serait de ne me jamais trouver avec une Lapone… Allons, passez là, pauvres gens.

(Ils se placent à côté des Tartares.)

Ah ! voici de l’autre côté des gens de connaissance, des Espagnols, des Allemands, des Italiens : c’est une consolation.

(Un Espagnol et une Espagnole, un Allemand et une Allemande, un Italien et une Italienne, paraissent sur la scène à la fois. L’Espagnol, vêtu à la mode antique, salue la reine en disant :)

Respeto y silencio

(L’Allemand dit :)

Sieh die liebe tochter von unsern kaisern[1].

(L’Italienne dit :)

Questi parlano, e roi cantiamo.

(Elle chante : )

Qui régna il vero amore.
Non è liranno,
Non fa inganno,
Non tormenta il cuore.
Pura fiamma s’accende,
Non arde, ma resplendi.
Qui régna il vero amore.
Non tormenta il cuore.

(Les Asiatiques et les Européens se prennent par la main et dansent : le fond de la salle s’ouvre ; une troupe de danseurs de l’Opéra paraît ; un chanteur est à la tête, et chante ce couplet :

Quoi ! l’on danse en ces lieux, et nous n’en sommes pas !
Nous dont la danse est l’apanage !
Le plaisir conduit tous nos pas.

  1. Vois la fille chérie de nos empereurs. (G. A.)