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ACTE CINQUIÈME.

SCÈNE I.

LÉOXORE, ELVIRE.

LÉOXOIIE.

Siiccomherai-je enfin sous tant do coups du sort ?

Une mère à mes yeux dans les bras de la mort…

Un époux que j’adore, et que sa destinée

Fait voler aux combats du lit de l’iiymcnée…

Un peuple gémissant, dont les cris insensés

M’imputent tous les maux sur l’Espagne amassés…

De Transtamare enfin la détestable audace,

Dont le fer me poursuit, dont l’amour me menace.

Ai-je une âme assez forte, un cœur assez altier,

Pour contempler mes maux et pour les défier ?

Avant que l’infortune accablât ma jeunesse,

Je ne me connaissais qu’en sentant ma faiblesse.

Peut-être qu’éprouvé par la calamité

Mon esprit s’affermit contre l’adversité.

Il me sem])]c du moins, au fort de cet orage.

Que plus j’aime don Pèdre, et plus j’ai de courage.

ELVIRE,

Notre sexe, madame, en montre quelquefois Plus que ces chevaliers vantés par leurs exploits. Surtout l’amour en donne, et d’une âme timide Ce maître impérieux fait une âme intrépide : Il développe en nous d’étonnantes vertus Dont les germes cachés nous étaient inconnus. L’amour élève l’âme ; et, faibles que nous sommes, Nous avons su donner des exemples aux hommes.

LÉONORE.

Ah 1 je me trompe, Elvire ; un noir abattement