Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/303

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTI’IV, SCkNE II. 293

Mais dans votre conduite on pourrait méconnaître Cette rare équité de votre auguste maître, Qui, sans niVn avertir, d(vastant mes États, Me demande la paix par vingt mille soldats. Sont-ce là les traités qu’à Vincennc on ])répare ?

(Il se lève ; Gnesclin se lève aussi.)

De quel droit osez-vous m’enlever Transtamare ?

GUESCLIX.

Du droit que vous aviez de le charger de fers. Vous l’avez opprimé, seigneur, et je le sers.

DON PÈDRE.

De tous nos ditréronds vous êtes donc l’arbitre ?

GUESCLIN.

Mon roi l’est.

DON PKDRE.

Je voudrais qu’il méritât ce titre ; Mais vous, qui vous fait juge entre mon peuple et moi ?

GUESCLIN,

Je vous l’ai déjà dit : votre allié, mon roi,

Que votre père Alfonse, en formant la paupière,

Chargea d’exécuter sa volonté dernière ;

Le vainqueur des Anglais, sur le trône affermi ;

Et quand vous le voudrez, en un mot, votre ami,

DON PÎ’ ; DPiE,

—De l’amitié des rois l’univers se défle ; —Elle est souvent perfide, elle est souvent trahie. Mais quel prix y met-il ?

GUESCLIN.

La justice, seigneur.

DON PÈDPiE,

Ces grands mots consacrés de justice, d’honneur, Ont des sens différents qu’on a peine à comprendre.

GUESCLIN.

J’en serai interprète, et vous allez m’entendre. Rendez à votre frère, injustement proscrit, Léonore et les biens qu’un père lui promit. Tous ses droits reconnus d’un sénat toujours juste. Dans Rome confirmés par un pouvoir auguste ; Des états castillans n’usurpez point les droits ; Pour qu’on vous obéisse, obéissez aux lois : C’est là ce qu’à ma cour on déclare équitable ; Et Charle est à ce prix votre ami véritable.