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ACTE IV, SCI’XR I. 291

Accouraient dans son camp, le nommaient à grands cris

Lange de la Castille envoyé de Paris,

Il commande, il s’érige un tribunal suprême.

Où lui seul va juger la Castille et vous-même.

Scipion fut moins lier et moins audacieux.

Quand il nous apporta ses aigles et ses dieux.

Mais ce qui me surprend, c’est qu’agissant en maître,

ri prétende apaiser les troubles qu’il fait naître ;

Qu’il vienne en ce palais, vous ayant insulté ;

Et qu’armé contre vous il propose un traité.

D0.\ PÎiDRE,

Il ne fait qu’obéir au roi qui me l’envoie. L’orgueil de ce Guesclin se montre et se déploie. Comme un ressort puissant avec art préparé ■ Qu’un maître industrieux fait mouvoir à son gré. Dans l’Europe aujourd’hui tu sais comme on les nomme ; Cliarle a le nom de Sage, et Guesclin de grand homme. Et qui suis-je aup’rcs d’eux, moi qui fus leur vainqueur ? Je pourrais des Français punir l’ambassadeur. Qui, m’osant outrager, à ma foi se confie. Plus d’un roi s’est vengé par une perfidie ; Et les succès heureux de ces grands coups d’État Souvent à leurs auteurs ont donné quelque éclat : Leurs flatteurs ont vanté cette infâme prudence. Ami, je ne veux point d’une telle vengeance. Dans mes emportements et dans mes passions, Je respecte plus qu’eux les droits des nations. J’ai déjà sur Guesclin ce premier avantage ; Et nous verrons bientôt s’il l’emporte en courage. Un Français peut me vaincre, et non m’humilier. Je suis roi, cher ami ; mais je suis chevalier ; Et si la politique est l’art que je méprise, On rendra pour le moins justice à ma franchise. Mais surtout Léonore est-elle en sûreté ?

MENDOSE.

Vous avez donné l’ordre, il est exécuté. La garde castillane est rangée auprès d’elle, Prête à fondre avec moi sur le parti rebelle ; Aux portes du palais les Africains placés En défendent l’approche aux mutins dispersés ; Vos soldats sont postés dans la ville sanglante ; Toute l’armée enfin frémit, impatiente,