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286 IH)N PKDRE.

Je vois lancer sur vous dos regards de colère :

On déteste le roi qu’on dut chérir en père.

Pouvez-vous endurer tant d’horribles clameurs.

De menaces, de cris, et surtout tant de pleurs ?

Pour la dernière fois écartez de ma vue

Ce spectacle odieux qui m’indigne et me tue.

Faut-il passer mes jours à gémir, à tremhlei" ?

Détournez ces lléauv unis pour n’accabler.

il en est encor temps. Le Castillan rebelle,

Pour peu qu’il soit flatté, par orgueil est fidèle.

Ah ! si vous opposiez au glaive des Français

Le plus beau bouclier, l’amour de vos sujets !

En spectacle à l’Espagne, en butte à tant d’envie,

Je ne puis supporter l’horreur d’être haïe.

Je crains, en vous parlant, de réveiller en vous

L’aiïreuse impression d’un sentiment jaloux.

Je puis aller trop loin ; je m’emporte ; mais j’airuc ;

Consultez votre gloire, et jugez-vous vous-même.

DON P ko RE.

J’ai pesé chaque mot, et je prends mon parti.

(À sa suite.)

Déchaînez Transtamare, et qu’on l’amène ici.

LÉONORE.

Prenez garde, cher prince, arrêtez… Sa présence Peut vous porter encore à trop de violence. Craignez.

DON PÈDRE.

C’est trop de crainte ; et vous vous abnsez.

LÉONORE.

J’en ressens, il est vrai… C’est vous qui la causez.

SCÈNE III.

DON PÈDRE, LÉONORE, TRANSTAMARE, suite

DON PÈDRE,

Approche, malheureux, dont la rage ennemie Attaqua tant de fois mon honneur et ma vie. Esclave des Français, qui t’es cru mon égal, Audacieux amant, qui t’es cru mon rival. Ton œil se baisse enfin, ta fierté me redoute ;