Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/280

Cette page n’a pas encore été corrigée

270 DON PI : DRE.

À peine riiyménée est prêt de nous unir,

Je vous déplais, seigneur, en voulant vous servir.

DON PÈDRE,

Allez plaindre don Pèdre et flatter Transtamare.

LÉO-\ORE.

Ah ! vous ne craignez point que mon esprit s’égare

Jusqu’à le comparer à don Pèdre, à mon roi.

Je vous parlais pour vous, pour l’Espagne, et pour moi

Je vois qu’il faut suspendre une plainte indiscrète ;

Qu’une femme est esclave, et qu’elle n’est point faite

Pour se jeter, seigneur, entre le peuple et vous.

J’ai cru que la prière apaisait le courroux ;

Qu’on pouvait opposer à vos armes sanglantes

De la compassion les armes innocentes…

Mais je dois respecter de si grands intérêts…

J’avais trop présumé… je sors, et je me tais.

(Elle sort.)

SCÈNE V.

DON PÈDRE.

Qu’une telle démarche et m’étonne et m’offense ! Transtamare avec elle est-il d’intelligence ?M’aurait-elle trompé sous le voile imposteur Qui fascinait mes yeux par sa fausse candeur ? Croit-elle, en ahusant du pouvoir de ses charmes. Vaincre par sa faiblesse, et m’arracher mes armes ? Est-ce amour ? est-ce crainte ? est-ce une trahison ? Quels nouveaux attentats confondent ma raison ? Régné-je, juste ciel ! et respiré-je encore ? Tout m’abandonnerait !., et jusqu’à Léonore !… Non… je ne le crois point… mais mon cœur est percé.

Monarque malheureux, amant trop offensé, Oppose à tant d’assauts un cœur inébranlable : Mais surtout garde-toi de la trouver coupable.

FI.\ DU PREMIER ACTE.