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ACTE I, SCÈNE II. 263

SCÈNE II.

TRANSTAMARE, LÉONORE, ELVIRE.

LK O-NORK.

Prince, en ces temps de trouble, en ces jours malheureux,

Je n’ai que ce moment pour vous parler encore.

Bientôt vous connaîtrez ce qu’était Léonore,

Quelle était sa conduite et son nouveau devoir ;

Mais au palais du roi gardez de me revoir.

Je veux, je dois sauver d’une guerre intestine

Et vous et tout l’État penchant vers sa ruine.

Le roi vient sur mes pas ; j’ignore ses projets ;

11 donne, en frémissant, quelques ordres secrets ^ :

11 vous nomme, il s’emporte ; et vous devez connaître

Quel sort on se prépare en luttant contre un maître.

Je vous en avertis : épargnez à ses yeux

D’un superbe ennemi l’aspect injurieux.

C’est ma seule prière.

TRANSTAMARE.

Ah ! qu’osez-vous me dire ?

LÉONORE.

Ce que je dois penser, ce que le ciel m’inspire.

TRANSTAMARE.

Quoi ! VOUS que ce ciel même a fait naître pour moi, Dont mon père, en mourant, me destina la foi, Vous, dont Rome et la France ont conclu l’hyménée. Vous que l’Europe entière à moi seul a donnée. Je ne vous reverrais que pour vous éviter ! Vous ne me parleriez que pour mieux m’écarter !

LÉONORE.

Le devoir, la raison, votre intérêt l’exige. Tout ce que j’aperçois m’épouvante et m’afflige. Seigneur, d’assez de sang nos champs sont inondés. Et vous devez sentir ce que vous hasardez.

1. Voltaire avait dit, dans Mariamney III, m :

Il donne en frémissant Quelques ordres secrets.