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A M. D’ALE.MBERT. 247

cauld (le son siècle, nous blàmerait-on de souhaiter le sullVage (les personnes qui font aujourd’hui tant d’honneur à ce nom ? à moins (|ue nous ne Tussions tout à fait indignes d’occuper un moment leur loisir,

Y a-t-il un seul homme de lettres en France qui ne se sentît très-encouragé parle suffrage de deux de vos confrères, dont l’un a semblé rappeler le siècle des Médicis en cueillant les fleurs du Parnasse avant de siéger dans le Vatican’, et l’autre, dans un rang non moins illustre, est toujours favorisé des Muses et des Grâces lorsqu’il parle dans vos assemblées, et qu’il y lit ses ouvrages- ? C’est en ce sens qu’Horace a dit’ :

l’rincipibus plaquasse viris non ultima laus est.

Je dis dans le même sens à un homme d’un grand nom*, auteur d’un livre profond, De la Fclicitr publique : Mon ami doit être trop heureux si vous ne désapprouvez pas Don Phdre ; c’est à vbus de juger les rois et les connétables ; j’en dis autant au magistrat qui entre aujourd’hui dans l’Académie : puisse-t-il être chargé un jour du soin de cette félicité publique^ I

J’ajouterai encore que le divin Arioste ne se borne pas à nomjner les hommes de son temps qui faisaient honneur à l’Italie, et pour lesquels il écrivait ; il nomme l’illustre Julie de Gonzague (! t la veuve immortelle du manjuis de Pescara, et des princesses de la maison d’Esté et de Malatesta, et des Borgia, des Sforce, des ïrivulce, et surtout des dames célèbres seulement par leur esprit, leur goût, et leur talent. (3n en pourrait faire autant en France, si on avait un Arioste. Je vous nommerais plus d’une dame dont le suffrage doit décider avec vous du sort d’un ouvrage, si je ne craignais d’exposer leur mérite et leur modestie aux sarcasmes de quelques pédants grossiers qui n’ont ni l’un ni l’autre, ou de quelques futiles petits-maîtres qui pensent ridiculiser toute vertu par une plaisanterie.

Si un folliculaire dit que je n’ai donné de si justes éloges à

\. M. le cardinal de Bernis.

2. M. le duc de Nivernais.

3. Livre P, épître xvu, vers 35.

4. Le marquis de ChastcUux. Voyez le troisième des.4riif^es extraits dwjOMrnai de politique et de littérature. Il est sur le livre de Cliastellux, intitulé De la Félicité publique. (B.)

5. M. de Malesherbes. — Malesherbes avait, sans le solliciter, été élu à la place vacante dans l’Académie française, par la mort de Dupré de Saint-Maur, arrivée le V décembre 1774.