Scène II.
Irai-je donc mourir aux lieux qui m’ont vu naître
Sans avoir dans la Crète entretenu ton maître !
Étranger malheureux, je t’annonce mon roi ;
Il vient avec bonté : parle, rassure-toi.
Va, puisqu’à ma prière il daigne condescendre,
Qu’il rende grâce aux dieux de me voir, de m’entendre.
Eh bien ! Que prétends-tu, vieillard infortuné ?
Quel démon destructeur, à ta perte obstiné,
Te force à déserter ton pays, ta famille,
Pour être ici témoin du malheur de ta fille ?
Si ton cœur est humain, si tu veux m’écouter,
Si le bonheur public a de quoi te flatter,
Elle n’est point à plaindre, et, grâces à mon zèle,
Un heureux avenir se déploiera pour elle ;
Je viens la racheter.
Il n’est plus de rançon, plus d’espoir, plus de paix.
Quitte ce lieu terrible ; une âme paternelle
Ne doit point habiter cette terre cruelle.
Va, crains que je ne parte.
Ainsi donc de son sort
Tu seras le témoin ! Tes yeux verront sa mort !
Elle ne mourra point. Datame a pu t’instruire
du dessein qui m’amène et qui dut le conduire.
Datame de ta fille a causé le trépas.