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136 LES PKLOPIDKS.

Éteignez sous vos pieds ce nanil)eau de la haine Dont la flamme embrasait l’Argolide et Mycène : Et puissent sur ma cendre, après tant de fureurs, Deux frères réunis oublier leurs malheurs !

Levez -VOUS : je rougis de vous l’evoir encore. Je frémis de parler à qui me d(slionore. Entre mon frère et moi vous n’avez point d’époux ; Qu’attendez-vous d’Atrée, et rjue méritez-vous ?

ÉnopE. Je ne veux rien pour moi.

ATRÉE.

Si ma juste vengeance De Thyeste et de vous eût égalé roll’ense, Les pervers auraient vu comme je sais punir ; J’aurais épouvanté les siècles à venir. Mais quelque sentiment, quelque soin qui me presse, Vous pourriez désarmer cette main vengeresse ; Vous pourriez des replis de mon cœur ulcéré Écarter les serpents dont il est dévoré. Dans ce cœur malheureux obtenir votre grâce, Y retrouver encor votre première place, Et me venger d’un frère en revenant à moi. Pouvez-vous, osez-vous me rendre votre foi ? Voici le temple même où vous fûtes ravie, L’autel qui fut souillé de tant de perfidie, Où le flambeau d"Iiymen fut par vous allumé. Où nos mains se joignaient… où je crus être aimé : Du moins vous étiez prête à former les promesses Qui nous garantissaient les plus saintes tendresses. Jurez-y maintenant d’expier ses forfaits, Et de haïr Thyeste autant que je le liais. Si vous me refusez, vous êtes sa complice ; À tous deux, en un mot, venez rendre justice. Je pardonne à ce prix : répondez-moi.

ÉROPE.

Seigneur, C’est vous qui me forcez à vous ouvrir mon cœur. La mort que j’attendais était bien moins cruelle Que le fatal secret qu’il faut que je révèle. Je n’examino point si les dieux offensés Scellèrent mes serments à peine commencés.