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118 LES PKLOPIDES.

On leur doit, croycz-inoi, celui du repentir.

La Cirècc enfin s’éclaire, et commence à sortir

De la férocité qui, dans nos premiers Ages,

Fit des cœurs sans justice et des héros sauvages.

On n’est rien sans les mœurs. Hercule est le premier

Qui, marchant quelquefois dans ce nohle sentier, •

Ainsi que les hrigands osa dompter les vices.

Son émule Thésée a fait des injustices ;

Le crime dans ïydée a souillé la valeur ;

Mais bientôt leur grande âme, ahjurant leur erreur.

N’en aspirait que plus à des vertus nouvelles.

Ils ont réparé tout… imitez vos modèles…

Souffrez encore un mot : si vous persévériez.

Poussé par le torrent de vos inimitiés.

Ou plutôt par les feux d’un amour adultère,

A refuser encore Érope à votre frère,

Craignez que le parti que vous avez gagné

Ne tourne contre vous son courage indigné.

Vous pourriez pour tout prix d’une imprudence vaine.

Abandonné d’Argos, être exclu de Mycène.

THYESTE.

J’ai senti mes malheurs plus que vous ne pensez.

N’irritez point ma plaie ; elle est cruelle assez.

Madame, croyez-moi, je vois dans quel ahîme

M’a plongé cet amour que vous nommez un crime.

Je ne m’excuse point (devant vous condamné)

Sur l’exemple éclatant que vingt rois m’ont donné.

Sur l’exemple des dieux dont on nous fait descendre :

Votre austère vertu dédaigne de m’entendre.

Je vous dirai pourtant qu’avant l’hymen fatal

Que dans ces lieux sacrés célébra mon rival.

J’aimais, j’idolâtrais la fille d’Eurysthée ;

Que, par mes vœux ardents longtemps sollicitée,

Sa mère dans Argos eût voulu nous unir ;

Qu’enfin ce fut à moi ({u’on osa la ravir ;

Que si le désespoir fut jamais excusable…

HIPPODAMIE.

Ne vous aveuglez point ; rien n’excuse un coupable.

Oubliez avec moi de malheureux amours

Qui feraient votre honte et l’horreur de vos jours.

Celle de votre frère, et d’Érope, et la mienne.

C’est l’honneur de mon sang qu’il faut que je soutienne ;