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308 TANCHE DE.

Je prétends par mes soins mériter qu’elle m’aime, Vous regarder en elle et m’honorer moi-même.

ARGIRE.

Par mon ordre en ces lieux elle avance vers vous.

SCÈNE III. ARGIRE, ORBASSAN, AMÉNAÏDE.

ARGIRE.

Le bien de cet État, les voix de Syracuse, Votre père, le ciel, vous donnent un époux ; Leurs ordres réunis ne souffrent point d’excuse. Ce noble chevalier, qui se rejoint à moi. Aujourd’hui par ma bouche a reçu votre foi. Vous connaissez son nom, son rang, sa renommée ; Puissant dans Syracuse, il commande l’armée ; Tous les droits de ïancrède entre ses mains remis…

AMÉNAÏDE, à part.

De Tancrède !

ARGIRE.

À mes yeux sont le moins digne prix Qui relève l’éclat d’une telle alliance.

ORBASSAN.

Elle m’honore assez, seigneur ; et sa présence Rend plus cher à mon cœur le don que je reçois. Puissé-je, en méritant vos bontés et son choix. Du bonheur de tous trois confirmer l’espérance !

AMÉNAÏDE.

Mon père, en tous les temps je sais que votre cœur Sentit touç mes chagrins, et voulut mon bonheur. Votre choix me destine un héros en partage ; Et quand ces longs débats qui troublèrent vos jours, Grâce à votre sagesse, ont terminé leur cours, Du nœud qui vous rejoint votre fille est le gage ; D’une telle union je conçois l’avantage.

Orbassan permettra que ce cœur étonné, Qu’opprima dès fenfancc un sort toujours contraire. Par ce changement même au trouble abandonné. Se recueille un moment dans le sein de son père.