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reviendrai incessamment ; oui, je reviendrai ; je veux lui parler sérieusement. Adieu. (En revenant.) Dites-lui de ma part que je pense beaucoup de bien d’elle.



Scène II.


lord MURRAY, pensif et agité ; FRÉLON, lui faisant la révérence, qu’il ne regarde pas ; FABRICE, s’éloignant un peu.
LORD MURRAY, à Fabrice, d’un air distrait.

Je suis très-aise de vous revoir, mon brave et honnête homme : comment se porte cette belle et respectable personne que vous avez le bonheur de posséder chez vous ?

FABRICE.

Milord, elle a été très-malade depuis qu’elle ne vous a vu ; mais je suis sûr qu’elle se portera mieux aujourd’hui.

LORD MURRAY.

Grand Dieu, protecteur de l’innocence, je t’implore pour elle ! daigne te servir de moi pour rendre justice à la vertu, et pour tirer d’oppression les infortunés ! Grâces à tes bontés et à mes soins, tout m’annonce un succès favorable. (À Fabrice) Ami, laisse moi parler en particulier à cet homme. (En montrant Frélon.)

FRÉLON, à Fabrice.

Eh bien ! tu vois qu’on t’avait bien trompé sur mon compte, et que j’ai du crédit à la cour.

FABRICE, en sortant.

Je ne vois point cela.

LORD MURRAY, à Frélon.

Mon ami.

FRÉLON.

Monseigneur, permettez-vous que je vous dédie un tome ?…

LORD MURRAY.

Non ; il ne s’agit point de dédicace. C’est vous qui avez appris à mes gens l’arrivée de ce vieux gentilhomme venu d’Écosse : c’est vous qui l’avez dépeint, qui êtes allé faire le même rapport aux gens du ministre d’État.

FRÉLON.

Monseigneur, je n’ai fait que mon devoir.

LORD MURRAY, lui donnant quelques guinées.

Vous m’avez rendu service, sans le savoir ; je ne regarde pas à l’intention : on prétend que vous vouliez nuire, et que vous