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AVERTISSEMENT

DE BEUCHOT.

Fréron n’a pas toujours dit du mal de Voltaire, et prétendait même que personne n’avait loué plus que lui M. de Voltaire[1]. Il est très-vrai que l’éloge de l’auteur de la Henriade se trouve dans plusieurs volumes de l’Année littéraire ; mais c’est dans les premiers volumes de cette collection[2]. Les hostilités commencèrent à la fin de 1758[3], et Fréron ne publiait pas un volume sans y faire quelque sortie contre Voltaire, que le plus souvent il nommait, mais qu’il désignait tantôt sous le titre de philosophiste du jour[4], de Hobbes, Spinosa, Collins, Vannini moderne[5], tantôt sous celui de sophiste de nos jours[6]. Voltaire, harcelé sans cesse, perdit patience, et composa l’Écossaise. Une aventure arrivée à Mlle de Livry qui, après avoir été sa maîtresse, devint marquise de Gouvernet, et à laquelle il adressa l’épître connue sous le nom des Tu et des Vous, lui fournit les rôles de Lindane, de Freeport, et de Fabrice. La pièce imprimée arriva à Paris vers la fin de mai 1760. L’auteur ne la destinait pas à la représentation, et ne l’avait faite que pour faire donner Fréron au diable[7]. La première édition, Londres (Genève), en xii et 204 pages in-12, ne contenait que la Préface et la pièce. L’auteur faisait, pour la seconde édition, graver une estampe où l’on voit un âne qui se met à braire en regardant une lyre suspendue à un arbre. Au bas de l’estampe on lisait :


Que veut dire
Cette lyre ?
C’est Melpomène ou Clairon.
Et ce monsieur qui soupire,
Et fait rire,
N’est-ce pas Martin F… ?

  1. Année littéraire, 1769, tome VIII, page 39.
  2. Voyez 1756, tome VIII, page 335 ; 1757, II, 55 ; IV, 192 ; VI, 46 ; 1758, II, 31 ; III, 283 ; IV, 146.
  3. Voyez Année littéraire, 1758, tome VIII, pages 312, 356 ; 1759, II, 203-210 ; III, 242-255 ; IV, 81 et suiv. ; V, 71, 133 ; VI, 137 ; VIII, 9, 23.
  4. idem, 1759, tome I, page 290.
  5. Idem, ibid., page 304.
  6. Idem, 1754, tome IV, page 214.
  7. Lettre à d’Argental, du 27 juin 1760.