ACTE II
Scène PREMIÈRE.
Divin Socrate, je ne puis croire mon bonheur : comment se peut-il qu’Aglaé, dont le père est mort dans une pauvreté extrême, ait cependant une dot si considérable ?
Je vous l’ai déjà dit ; elle avait plus qu’elle ne croyait. Je connais mieux qu’elle les ressources de son père. Qu’il vous suffise de jouir tous deux d’une fortune que vous méritez : pour moi, je dois le secret aux morts comme aux vivants.
Je n’ai plus qu’une crainte, c’est que ce prêtre de Cérès, à qui vous m’avez préféré, ne venge sur vous les refus d’Aglaé : c’est un homme bien à craindre.
Eh ! Que peut craindre celui qui fait son devoir ? Je connais la rage de mes ennemis, je sais toutes leurs calomnies ; mais quand on ne cherche qu’à faire du bien aux hommes, et qu’on n’offense point le ciel, on ne redoute rien, ni pendant la vie, ni à la mort.
Rien n’est plus vrai ; mais je mourrais de douleur, si la félicité que je vous dois portait vos ennemis à vous forcer de mettre en usage votre héroïque constance.
Scène II.
Mon bienfaiteur, mon père, homme au-dessus des hommes, j’embrasse vos genoux. Secondez-moi, Sophronime : c’est lui,