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jamais d’ameuter le peuple contre tous les gens de qualité qui ne font point assez de voeux, et qui ne présentent point assez d’offrandes.

ACROS.

C’est à quoi nous ne manquerons jamais ; c’est un devoir trop sacré pour n’y être pas fidèles.

ANITUS.

Allez, mes chers amis, les dieux vous maintiennent dans des sentiments si pieux et si justes ! Et comptez que vous prospérerez, vous, vos enfants, et les enfants de vos petits-enfants.

TERPANDRE.

C’est de quoi nous sommes sûrs ; car vous l’avez dit.



Scène II.

Anitus, Drixa.
ANITUS.

Eh bien ! Ma chère madame Drixa, je crois que vous ne trouverez pas mauvais que j’épouse Aglaé ; mais je ne vous en aime pas moins, et nous vivrons ensemble comme à l’ordinaire.

DRIXA.

Oh ! Monseigneur, je ne suis point jalouse ; et, pourvu que le commerce aille bien, je suis fort contente. Quand j’ai eu l’honneur d’être une de vos maîtresses, j’ai joui d’une grande considération dans Athènes. Si vous aimez Aglaé, j’aime le jeune Sophronime ; et Xantippe, la femme de Socrate, m’a promis qu’elle me le donnerait en mariage. Vous aurez toujours les mêmes droits sur moi. Je suis seulement fâchée que ce jeune homme soit élevé par ce vilain Socrate, et qu’Aglaé soit encore entre ses mains. Il faut les en tirer au plus vite. Xantippe sera charmée d’être débarrassée d’eux. Le beau Sophronime et la belle Aglaé sont fort mal entre les mains de Socrate.

ANITUS.

Je me flatte bien, ma chère madame Drixa, que Mélitus et moi nous perdrons cet homme dangereux, qui ne prêche que la vertu et la divinité, et qui s’est osé moquer de certaines aventures arrivées aux mystères de Cérès ; mais il est le tuteur d’Aglaé. Agathon, père d’Aglaé, a laissé, dit-on, de grands biens ; Aglaé est adorable ; j’idolâtre Aglaé : il faut que j’épouse Aglaé, et que je ménage Socrate, en attendant que je le fasse pendre.