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gengis

Que je lui parle.Vous !

idamé

Que je lui parle. Vous !Écoutez ma prière.
Cet entretien sera ma ressource dernière :
Vous jugerez après si j’ai dû résister.

gengis

Non, ce n’était pas lui qu’il fallait consulter :
Mais je veux bien encor souffrir cette entrevue.
Je crois qu’à la raison son âme enfin rendue
N’osera plus prétendre à cet honneur fatal
De me désobéir, et d’être mon rival.
Il m’enleva son prince, il vous a possédée.
Que de crimes ! Sa grâce est encore accordée :
Qu’il la tienne de vous, qu’il vous doive son sort ;
Présentez à ses yeux le divorce ou la mort :
Oui, j’y consens. Octar, veillez à cette porte.
Vous, suivez-moi. Quel soin m’abaisse et me transporte !
Faut-il encore aimer ? Est-ce là mon destin ?

Il sort.
idamé

Je renais, et je sens s’affermir dans mon sein
Cette intrépidité dont je doutais encore.


Scène V.

ZAMTI, IDAMÉ.
idamé

Ô toi, qui me tiens lieu de ce ciel que j’implore,
Mortel plus respectable et plus grand à mes yeux
Que tous ces conquérants dont l’homme a fait des dieux !
L’horreur de nos destins ne t’est que trop connue ;
La mesure est comblée, et notre heure est venue.

zamti

Je le sais.

idamé

Je le sais.C’est en vain que tu voulus deux fois
Sauver le rejeton de nos malheureux rois.

zamti

Il n’y faut plus penser, l’espérance est perdue ;