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ACTE CINQUIÈME.


Scène I.

IDAMÉ, ASSÉLI.
asséli

Quoi ! Rien n’a résisté ! Tout a fui sans retour !
Quoi ! Je vous vois deux fois sa captive en un jour !
Fallait-il affronter ce conquérant sauvage ?
Sur les faibles mortels il a trop d’avantage.
Une femme, un enfant, des guerriers sans vertu !
Que pouviez-vous ? Hélas !

idamé

J’ai fait ce que j’ai dû.
Tremblante pour mon fils, sans force, inanimée,
J’ai porté dans mes bras l’empereur à l’armée.
Son aspect a d’abord animé les soldats :
Mais Gengis a marché ; la mort suivait ses pas[1] ;
Et des enfants du nord la horde ensanglantée
Aux fers dont je sortais m’a soudain rejetée.
C’en est fait.

asséli

Ainsi donc ce malheureux enfant
Retombe entre ses mains, et meurt presque en naissant :
Votre époux avec lui termine sa carrière.

idamé

L’un et l’autre bientôt voit son heure dernière.
Si l’arrêt de la mort n’est point porté contre eux,
C’est pour leur préparer des tourments plus affreux.
Mon fils, ce fils si cher, va les suivre peut-être.

  1. « Mes Tatares tuent tout, écrivait voltaire, et j’ai bien peur qu’ils ne fassent pleurer personne. »