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Les monstres des forêts qu’habitent nos tartares
Ont des jours plus sereins, des amours moins barbares.
Enfin il faut tout dire : Idamé prit sur moi
Un secret ascendant qui m’imposait la loi.
Je tremble que mon cœur aujourd’hui s’en souvienne :
J’en étais indigné ; son âme eut sur la mienne,
Et sur mon caractère, et sur ma volonté,
Un empire plus sûr et plus illimité,
Que je n’en ai reçu des mains de la victoire
Sur cent rois détrônés, accablés de ma gloire :
Voilà ce qui tantôt excitait mon dépit.
Je la veux pour jamais chasser de mon esprit.
Je me rends tout entier à ma grandeur suprême ;
Je l’oublie : elle arrive ; elle triomphe, et j’aime.


Scène V.

GENGIS, OCTAR, OSMAN.
gengis

Eh bien ! Que résout-elle, et que m’apprenez-vous ?

osman

Elle est prête à périr auprès de son époux,
Plutôt que découvrir l’asile impénétrable
Où leurs soins ont caché cet enfant misérable ;
Ils jurent d’affronter le plus cruel trépas.
Son époux la retient tremblante entre ses bras ;
Il soutient sa constance, il l’exhorte au supplice :
Ils demandent tous deux que la mort les unisse.
Tout un peuple autour d’eux pleure et frémit d’effroi.

gengis

Idamé, dites-vous, attend la mort de moi ?
Ah ! Rassurez son âme et faites-lui connaître
Que ses jours sont sacrés, qu’ils sont chers à son maître.
C’en est assez ; volez.


Scène 6

GENGIS, OCTAR.
octar

C’en est assez ; volez.Quels ordres donnez-vous
Sur cet enfant des rois qu’on dérobe à nos coups ?