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zamti

Je t’ai tout pardonné, je n’ai plus à me plaindre.
Pour le sang de mon roi je n’ai plus rien à craindre ;
Ses jours sont assurés.

gengis

Traître, ils ne le sont pas :
Va réparer ton crime, ou subir le trépas.

zamti

Le crime est d’obéir à des ordres injustes.
La souveraine voix de mes maîtres augustes,
Du sein de leurs tombeaux, parle plus haut que toi :
Tu fus notre vainqueur, et tu n’es pas mon roi ;
Si j’étais ton sujet, je te serais fidèle.
Arrache-moi la vie, et respecte mon zèle :
Je t’ai livré mon fils, j’ai pu te l’immoler ;
Penses-tu que pour moi je puisse encor trembler ?

gengis

Qu’on l’ôte de mes yeux.

idamé

Qu’on l’ôte de mes yeux.Ah ! Daignez…

gengis

Qu’on l’ôte de mes yeux. Ah ! Daignez…Qu’on l’entraîne.

idamé

Non, n’accablez que moi des traits de votre haine.
Cruel ! Qui m’aurait dit que j’aurais par vos coups
Perdu mon empereur, mon fils, et mon époux ?
Quoi ! Votre âme jamais ne peut être amollie ?

gengis

Allez, suivez l’époux à qui le sort vous lie.
Est-ce à vous de prétendre encore à me toucher ?
Et quel droit avez-vous de me rien reprocher ?

idamé

Ah ! Je l’avais prévu, je n’ai plus d’espérance.

gengis

Allez, dis-je, Idamé : si jamais la clémence
Dans mon cœur malgré moi pouvait encore entrer,
Vous sentez quels affronts il faudrait réparer.