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gengis

J’entends ; depuis le jour que je fus outragé,
Depuis que de vous deux je dus être vengé,
Depuis que vos climats ont mérité ma haine.


Scène III.

GENGIS, OCTAR, OSMAN, d’un côté ;
IDAMÉ, ZAMTI, de l’autre ; gardes.
gengis

Parle ; as-tu satisfait à ma loi souveraine ?
As-tu mis dans mes mains le fils de l’empereur ?

zamti

J’ai rempli mon devoir, c’en est fait ; oui, seigneur.

gengis

Tu sais si je punis la fraude et l’insolence :
Tu sais que rien n’échappe aux coups de ma vengeance ;
Que si le fils des rois par toi m’est enlevé,
Malgré ton imposture, il sera retrouvé ;
Que son trépas certain va suivre ton supplice.

À ses gardes.

Mais je veux bien le croire. Allez, et qu’on saisisse
L’enfant que cet esclave a remis en vos mains.
Frappez.

zamti

Frappez.Malheureux père !

idamé

Frappez. Malheureux père !Arrêtez, inhumains !
Ah ! Seigneur, est-ce ainsi que la pitié vous presse ?
Est-ce ainsi qu’un vainqueur sait tenir sa promesse ?

gengis

Est-ce ainsi qu’on m’abuse, et qu’on croit me jouer ?
C’en est trop ; écoutez, il faut tout m’avouer.
Sur cet enfant, madame, expliquez-vous sur l’heure,
Instruisez-moi de tout ; répondez, ou qu’il meure.

idamé

Eh bien ! Mon fils l’emporte : et si, dans mon malheur,
L’aveu que la nature arrache à ma douleur
Est encore à vos yeux une offense nouvelle ;
S’il faut toujours du sang à votre âme cruelle,