J’entends ; depuis le jour que je fus outragé,
Depuis que de vous deux je dus être vengé,
Depuis que vos climats ont mérité ma haine.
Scène III.
IDAMÉ, ZAMTI, de l’autre ; gardes.
Parle ; as-tu satisfait à ma loi souveraine ?
As-tu mis dans mes mains le fils de l’empereur ?
J’ai rempli mon devoir, c’en est fait ; oui, seigneur.
Tu sais si je punis la fraude et l’insolence :
Tu sais que rien n’échappe aux coups de ma vengeance ;
Que si le fils des rois par toi m’est enlevé,
Malgré ton imposture, il sera retrouvé ;
Que son trépas certain va suivre ton supplice.
Mais je veux bien le croire. Allez, et qu’on saisisse
L’enfant que cet esclave a remis en vos mains.
Frappez.
Malheureux père !
Ah ! Seigneur, est-ce ainsi que la pitié vous presse ?
Est-ce ainsi qu’un vainqueur sait tenir sa promesse ?
Est-ce ainsi qu’on m’abuse, et qu’on croit me jouer ?
C’en est trop ; écoutez, il faut tout m’avouer.
Sur cet enfant, madame, expliquez-vous sur l’heure,
Instruisez-moi de tout ; répondez, ou qu’il meure.
Eh bien ! Mon fils l’emporte : et si, dans mon malheur,
L’aveu que la nature arrache à ma douleur
Est encore à vos yeux une offense nouvelle ;
S’il faut toujours du sang à votre âme cruelle,