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octar

Qu’on fasse retirer cette femme hardie.
Voici votre empereur ; ayez soin d’empêcher
Que tous ces vils captifs osent en approcher.


Scène V.

GENGIS, OCTAR, OSMAN, troupe de guerriers.
gengis

On a poussé trop loin le droit de ma conquête.
Que le glaive se cache, et que la mort s’arrête :
Je veux que les vaincus respirent désormais.
J’envoyai la terreur, et j’apporte la paix :
La mort du fils des rois suffit à ma vengeance.
Étouffons dans son sang la fatale semence
Des complots éternels et des rébellions,
Qu’un fantôme de prince inspire aux nations.
Sa famille est éteinte : il vit ; il doit la suivre.
Je n’en veux qu’à des rois, mes sujets doivent vivre.
Cessez de mutiler tous ces grands monuments,
Ces prodiges des arts consacrés par les temps ;
Respectez-les, ils sont le prix de mon courage :
Qu’on cesse de livrer aux flammes, au pillage,
Ces archives de lois, ce vaste amas d’écrits,
Tous ces fruits du génie, objets de vos mépris :
Si l’erreur les dicta, cette erreur m’est utile ;
Elle occupe ce peuple, et le rend plus docile[1].
Octar, je vous destine à porter mes drapeaux
Aux lieux où le soleil renaît du sein des eaux.

À un de ses suivants.

Vous, dans l’Inde soumise, humble dans sa défaite,
Soyez de mes décrets le fidèle interprète,
Tandis qu’en occident je fais voler mes fils
Des murs de Samarcande aux bords du Tanaïs.
Sortez : demeure, Octar.

  1. Il a pendant quelque temps retranché ces huit vers.