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VARIANTES DE ROME SAUVEE. 285

Qui doivent embraser vos enfants et vos femmes ;

Et sans les fruits heureux d’un travail assidu,

Ce terrible moment serait déjà venu.

Sans mon soin redoublé, que l’on nommait frivole,

Déjà les conjurés marchaient au Capitole.

Ce temple où nous voyons les rois à nos gennu\,

Détruit et consumé, périssait avec vous.

Cependant à vos yeux Catilina paisible

Se prépare avec joie à ce carnage horrible :

Au rang des sénateurs il est encore assis ;

Il proscrit le sénat, et s’y fait des amis ;

Il dévore des yeux le fruit de tous s ; ^s crimes :

Il vous voit, vous menace, et marque ses victimes,

Et quand ma voix s’oppose à tant d’énormités,

Vous me parlez de droits et de formalités !

Vous respectez en lui le rang qu’il déshonore !

Vos bras intimidés sont enchaînés encore !

Ah ! si vous hésitez, si, méprisant mes soins,

Vous n’osez le punir, défendez-vous du moins.

CATON.

Va, les dieux immortels ont parlé par ta bouche. Consul, délivre-nous de ce monstre farouche ! Tout dégouttant du sang dont il souilla ses mains. Il atteste les droits des citoyens romains ; Use des mêmes droits : pour venger la patrie Nous n’avons pas l)esoin des aveux d’Aurélie. Tu l’as trop convaincu, lui-même est interdit ; Et sur Catilina le seul soupçon suffit. Céthégus nous disait, et bien mieux qu’il ne pense, Qu’on doit immoler tout à Rome, à sa défense : Immole ce perfide, abandonne aux bourreaux L’artisan des forfaits et l’auteur de nos maux : Frappe malgié César, et sacrifie à Kome Cet homme détesté, si ce monstre est un homme. Je suis trop indigné qu’aux yeux de Cicéron Il ait osé s’asseoir à côté de Caton.

(Caton se lève, et passe du cùto "de Cicéron. Tous les sénateurs le suivent, hors Céthégus, Lentulus, Crassus, Clodius, qui restent avec Catilina.)

CICF.RO.X, au sénat. Courage, sénateurs, du monde augustes maîtres. Amis de la vertu, séparez-vous des traîtres. Le démon de Sylla semblait vous aveugler : Allez au Capitole, allez vous rassembler ; C’est là qu’on doit porter les premières alarmes. Mêlez l’appui des lois à la force des armes ; D’une escorte nombreuse entourez le sénat ; Et que tout citoyen soit aujourd’hui soldat. Créez un dictateur en ces temps difficiles. Les Gaulois sont dans Rome, il vous faut des Camilles. On attaque sans peine un corps trop divisé : Lui-même il se détruit ; le vaincre est trop aisé. Réuni sous un chef, il devient indomptable. Je suis loin d’aspirer à ce faix honorable :

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