La guerre est déclarée ; amis, suivez mes pas.
C’en est fait ; le signal vous appelle aux combats.
Vous, sénat incertain, qui venez de m’entendre,
Choisissez à loisir le parti qu’il faut prendre.
(Il sort avec quelques sénateurs de son parti.)
Eh bien ! choisissez donc, vainqueurs de l’univers,
De commander au monde, ou de porter des fers.
O grandeur des Romains ! ô majesté flétrie !
Sur le bord du tombeau, réveille-toi, patrie !
Lucullus, Muréna, César même, écoutez :
Rome demande un chef en ces calamités ;
Gardons l’égalité pour des temps plus tranquilles :
Les Gaulois sont dans Rome, il vous faut des Camilles !
Il faut un dictateur, un vengeur, un appui :
Qu’on nomme le plus digne, et je marche sous lui[1].
Scène 7
Seigneur, en secourant la mourante Aurélie,
Que nos soins vainement rappelaient à la vie,
J’ai trouvé ce billet par son père adressé.
Quoi ! d’un danger plus grand l’état est menacé !
César qui nous trahit veut enlever Préneste.
Vous, César, vous trempiez dans ce complot funeste !
- ↑ C’était au consul du jour à nommer le dictateur. Cicéron ne pouvait se nommer lui-même. Antoine, son collègue, était un homme estimé comme général, mais obéré et débauché; ses goûts et l’état de sa fortune l’avaient lié avec tout ce que Rome renfermait alors de factieux.
Cicéron n’osait se fi er a lui, et s’assurer qu’Antoine le nommerait. Crassus, César, Lucullus, étaient plus ou moins suspects. On prit donc le parti de ne point nommer de dictateur, et le sénat porta le décret : Videant consules ne quid detrimenti respublica capiat. Ce décret donnait aux consuls une autorité absolue semblable à celle du dictateur, mais non pour un temps fixé, et seulement tant que le sénat voulait la continuer. L’exercice des autres magistratures n‘était pas suspendu. Enfi n on pouvait demander compte aux consuls de la conduite qu’ils avaient tenue pendant le temps qu'ils avaient joui de cette autorité. (K.)