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Secourez-moi, vengez ce sang qui fume encore,
Sur l’infâme assassin que ma douleur ignore.

CICERON, en montrant Catilina

Le voici.

AURELIE

Dieux !

CICERON

C’est lui, lui qui l’assassina,
Qui s’en ose vanter.

AURELIE

O ciel ! Catilina !
L’ai-je bien entendu ? Quoi ! monstre sanguinaire !
Quoi ! c’est toi, c’est ta main qui massacra mon père ?

(Des licteurs la sontiennent)

CATILINA, se tournant vers Céthégus, et se jetant éperdu entre ses bras

Quel spectacle, grands dieux ! je suis trop bien puni.

CETHEGUS

A ce fatal objet quel trouble t’a saisi ?
Aurélie à nos pieds vient demander vengeance :
Mais si tu servis Rome, attends ta récompense.

CATILINA, se tournant vers Aurélie

Aurélie, il est vrai… qu’un horrible devoir…
M’a forcé… Respectez mon cœur, mon désespoir…
Songez qu’un nœud plus saint et plus inviolable…



Scène 6

Le sénat, Aurélie, le chef des licteurs


LE CHEF DES LICTEURS

Seigneur, on a saisi ce dépôt formidable.

CICERON

Chez Nonnius ?

LE CHEF DES LICTEURS

Chez lui. Ceux qui sont arrêtés
N’accusent que lui seul de tant d’iniquités.

AURELIE

O comble de la rage et de la calomnie !
On lui donne la mort : on veut flétrir sa vie !
Le cruel dont la main porta sur lui les coups…