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J’ai fondé dès longtemps ma plus forte espérance ;
Mais César est aimé du peuple et du sénat ;
Politique, guerrier, pontife, magistrat,
Terrible dans la guerre, et grand dans la tribune,
Par cent chemins divers il court à la fortune.
Il nous est nécessaire.

SURA

Il nous sera fatal :
Notre égal aujourd’hui, demain notre rival,
Bientôt notre tyran, tel est son caractère ;
Je le crois du parti le plus grand adversaire.
Peut-être qu’à vous seul il daignera céder,
Mais croyez qu’à tout autre il voudra commander.
Je ne souffrirai point, puisqu’il faut vous le dire,
De son fier ascendant le dangereux empire.
Je vous ai prodigué mon service et ma foi,
Et je renonce à vous, s’il l’emporte sur moi.

CATILINA

J’y consens ; faites plus, arrachez-moi la vie,
Je m’en déclare indigne, et je la sacrifie,
Si je permets jamais, de nos grandeurs jaloux,
Qu’un autre ose penser à s’élever sur nous :
Mais souffrez qu’à César votre intérêt me lie ;
Je le flatte aujourd’hui, demain je l’humilie :
Je ferai plus, peut-être ; en un mot, vous pensez
Que sur nos intérêts mes yeux s’ouvrent assez.

(à Céthégus)

Va, prépare en secret le départ d’Aurélie ;
Que des seuls conjurés sa maison soit remplie.
De ces lieux cependant qu’on écarte ses pas,
Craignons de son amour les funestes éclats.
Par un autre chemin tu reviendras m’attendre
Vers ces lieux retirés où César va m’entendre.

SURA

Enfin donc sans César vous n’entreprenez rien ?
Nous attendrons le fruit de ce grand entretien.

CATILINA

Allez, j’espère en vous plus que dans César même.

CETHEGUS

Je cours exécuter ta volonté suprême,
Et sous tes étendards à jamais réunir
Ceux qui mettent leur gloire à savoir t’obéir.