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Et la sombre hauteur d’un esprit affermi,
Qui se lasse de feindre, et parle en ennemi.
De ses obscurs complots je cherche les complices.
Tous ses crimes passés sont mes premiers indices.
J’en préviendrai la suite.

CATON.

Il a beaucoup d’amis ;
Je crains pour les Romains des tyrans réunis.
L’armée est en Asie, et le crime est dans Rome ;
Mais pour sauver l’état il suffit d’un grand homme.

CICERON.

Si nous sommes unis, il suffit de nous deux.
La discorde est bientôt parmi les factieux.
César peut conjurer, mais je connais son âme ;
Je sais quel noble orgueil le domine et l’enflamme.
Son cœur ambitieux ne peut être abattu
Jusqu’à servir en lâche un tyran sans vertu.
Il aime Rome encore, il ne veut point de maître ;
Mais je prévois trop bien qu’un jour il voudra l’être.
Tous deux jaloux de plaire, et plus de commander,
Ils sont montés trop haut pour jamais s’accorder.
Par leur désunion Rome sera sauvée.
Allons, n’attendons pas que, de sang abreuvée,
Elle tende vers nous ses languissantes mains,
Et qu’on donne des fers aux maîtres des humains.