Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/161

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE y, SCÈNE VU. ^j1

PYLADE.

Oui, tout est accompli. Tout change ; Electre est libre, et le ciel obéi.

ELECTRE.

Comment ?

PVLADE.

Oreste règne, et c’est lui qui m’envoie.

IPHISE,

Justes dieux !

ELECTRE.

Je succombe à l’excès de ma joie. Oreste ! est-il possible ?

PYLADE.

Oreste, tout-puissant, Va venger sa famille et le sang innocent.

ELECTRE.

•Quel miracle a produit un destin si prospère ?

PYLADE.

Son courage, son nom, le nom de votre père. Le vôtre, vos vertus, l’excès de vos malheurs, La pitié, la justice, un dieu qui parle aux cœurs. Par les ordres d’Égistho on amenait à peine. Pour mourir avec nous, le fidèle Pammènc ; Tout un peuple suivait, morne, glacé d’horreur : J’entrevoyais sa rage à travers sa terreur ; La garde retenait leurs fureurs interdites. Oreste se tournant vers ses fiers satellites : « Immolez, a-t-il dit, le dernier de vos rois ; L’osez-vous ? » À ces mots, au son de cette voix, À ce front où brillait la majesté suprême. Nous avons tous cru voir Agamemnon lui-même. Qui, perçant du tombeau les gouffres éternels. Revenait en ces lieux commander aux mortels. Je parle : tout s’émeut ; l’amitié persuade : On respecte les nœuds d’Oreste et de Pylade : Des soldats avançaient pour nous envelopper. Ils ont levé le bras, et n’ont osé frapper : Nous sommes entourés d’une foule attendrie ; Le zèle s’enhardit, l’amour devient furie. Dans les bras de ce peuple Oreste était porté. Égisthe avec les siens, d’un pas précipité. Vole, croit le punir, arrive, et voit son maitre.