Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée

146 ORESTE.

SCÈNE III.

ÉGISTHE, CLYTEMNESTRE, ELECTRE, IPHISE, .

GARDES.

ÉGISTHE.

Qu’on saisisse Pammène, et qu’il soit confronté Avec ces étrangers destinés au supplice ; Il est leur confident, leur ami, leur complice. Dans quel piège effroyable ils allaient me jeter ! L’un des deux est Oreste, en pouvez-vous douter ?

(À Clytemnestre)

Cessez de vous tromper, cessez de le défendre. Je vois tout, et trop bien. Cette urne, cette cendre, . C’est celle de mon fils ; un père gémissant Tient de son assassin cet horrible présent.

CLYTEMNESTRE.

Croyez-vous…

ÉGISTHE.

Oui, j’en crois cette haine jurée Entre tous les enfants de Thyeste et d’Atrée ; J’en crois le temps, les lieux marqués par cette mort, . Et ma soif de venger son déplorable sort, Et les fureurs d’Electre, et les larmes d’Iphise, Et l’indigne pitié dont votre Ame est surprise. Oreste vit encore, et j’ai perdu mon fils ! Le détestable Oreste en mes mains est remis ; Et, quel qu’il soit des deux, juste dans ma colère, Je rimmole à mon fils, je l’immole à sa mère.

CLYTEMNESTRE.

Eh bien ! ce sacrifice est horrible à mes yeux.

ÉGISTHE.

À vous ?

CLYTEMNESTRE.

Assez de sang a coulé dans ces lieux. Jo prétends mettre un terme au cours des homicides, . À la fatalité du sang des Pélopides. Si mon fils, après tout, n’est pas entre vos mai« s, Pourquoi verser du sang sur des bruits incertains ? —i^Gurquoi vouloir sans fruit la mort de l’innocence ?