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ACTE IV, SCÈNE Y. <39

ELECTRE.

Ail ! VOUS me remplissez de terreur et de joie !

RESTE.

Si vous aimez un frère…

ELECTRE.

Oui, je Taime ; oui, je crois Voir les traits de mon père, entendre encor sa voix ; La nature nous parle, et perce ce mystère ; Ne lui résistez pas : oui, vous êtes mon frère, Vous l’êtes, je vous vois, je vous embrasse ; hélas ! Cher Oreste, et ta sœur a voulu ton trépas !

ORESTE, en l’embrassant.

Le ciel menace en vain, la nature l’emporte ; Un dieu me retenait ; mais Electre est plus forte,

ELECTRE.

Il fa rendu ta sœur, et tu crains son courroux !

ORESTE.

Ses ordres menaçants me dérobaient à vous. Est-il barbare assez pour punir ma faiblesse ?

ELECTRE.

Ta faiblesse est vertu : partage mon ivresse. À quoi m’exposais-tu, cruel ? A fimmoler !

ORESTE.

J’ai trahi mon serment.

ELECTRE.

Tu l’as dû violer.

ORESTE.

C’est le secret des dieux.

ELECTRE.

C’est moi (jui te Tarrache. Moi, qu’un serment plus saint à leur vengeance attache ; " Que crains-tu ?

ORESTE.

Les horreurs où je suis destiné, Les oracles, ces lieux, ce sang dont je suis né.

ELECTRE.

Ce sang va s’épurer : viens punir le coupable ; Les oracles, les dieux, tout nous est favorable ; Ils ont paré mes coups, ils vont guider les tiens.