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ACTE IV, SCÈNE 111. 433

SCÈNE III.

ELECTRE, IPHISE.

ELECTRE,

Ses discours ont accru la fureur qui m’inspire.

Que veut-il ? Prétend-il que je doive soufirir

L’abominable affront dont on m’ose couvrir ?

La mort d’Agamemnon, l’assassinat d’un frère,

iN’avaient donc pu combler ma profonde misère !

Après quinze ans de maux et d’opprobres soufferts,

De l’assassin d’Oreste il faut porter les fers,

Et, pressée en tout temps d’une main meurtrière,

Servir tous les bourreaux de ma famille entière !

Glaive affreux, fer sanglant, qu’un outrage nouveau

Exposait en triomphe à ce sacré tombeau,

Fer teint du sang d’Oreste, exécrable trophée,

Oui trompas un moment ma douleur étouffée !

Toi qui n’es qu’un outrage à la cendre des morts.

Sers un projet plus digne, et mes justes efforts.

Égisthe, m’a-t-on dit, s’enferme avec la reine :

De quelque nouveau crime il prépare la scène ;

Pour fuir la main d’Electre, il prend de nouveaux soins :

À l’assassin d’Oreste on peut aller du moins.

Je ne puis me baigner dans le sang des deux traîtres : \llons, je vais du moins punir un de mes maîtres.

IPHISE.

Est-il bien vrai qu’Oreste ait péri de sa main ? J’avais cru voir en lui le cœur le plus humain ; Il partageait ici notre douleur amère ; Je l’ai vu révérer la cendre de mon père.

ELECTRE.

Ma mère en fait autant * : les coupables mortels Se baignent dans le sang, et tremblent aux autels ; Ils passent, sans rougir, du crime au sacrifice. Est-ce ainsi que des dieux on tronqie la justice ? II ne trompera pas mon courage irrité.

1. <(C’est le commencement d’une chanson plutôt que d’un vers tragique écrivait Voltaire en 17G1. Et il proposait de mettre à la place :

Et ma mèro l’iiivoquo ! Ainsi donc les mortels, etc.