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128 ORESTE.

CLYTEMNESTRE.

11 naquit pour verser le sang qui le fit naître. Tel lut le sort d’Oreste, et son dessein peut-être. De sa mort cependant mes sens sojit pénétrés. Vous me faites frémir, vous qui m’en délivrez.

ORESTE.

Qui ? lui, madame ? un fils armé contre sa mère !

Ah ! qui peut ellacer ce sacré caractère ?

Il respectait son sang… peut-être il eût voulu…

CLYTEMNESTRE.

Ail, ciel !

ÉGISTHE.

Que dites- vous ? Où l’aviez-vous connu ?

PYLADE.

11 se perd… Aisément les malheureux s’unissent ; Trop promptement liés, promptement ils s’aigrissent ; Nous le vîmes dans Delphe.

ORESTE.

Oui… j’y sus son dessein.

ÉGlSTHE.

Eh bien ! Quel était-il ?

ORESTE.

De vous percer le sein.

ÉGISTHE.

Je connaissais sa rage, et je l’ai méprisée ;

Mais de ce nom d’Oreste Electre autorisée

Semblait tenir encor tout l’État partagé ;

C’est d’Electre surtout que vous m’avez vengé.

Elle a mis aujourd’hui le comble à ses offenses :

Comptez-la désormais parmi vos récompenses.

Oui, ce superbe objet contre moi conjuré.

Ce cœur enflé d’orgueil, et de haine enivré,

Qui même de mon fils dédaigna l’alliance,

Digne sœur d’un barbare avide de vengeance.

Je la mets dans vos fers ; elle va vous servir :

C’est m’ac([uitter vers vous bien moins que la punir.

Si de Priam jadis la race malheureuse

Traîna chez ses vainqueurs une chaîne honteuse.

Le sang d’Agamemnon peut servir à son tour.

CLYTEMNESTRE.

Qui ? moi, je souffrirais.’, ..