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426 ORESTE.

Jouis de ton bonheur, jouis de tous tes crimes. Contemplez avec lui des spectacles si doux, Mère trop inhumaine ; ils sont dignes de vous.

(Ipliise l’emmèno.)

SCÈNE VI.

ÉGISTHE, CLYTEMNESTRE, ORESTE, PYLADE,

GARDES. CLYTEAINESTRE.

Que me faut-il entendre !

ÉGISTHE.

Elle en sera punie. Qu’elle se plaigne au ciel, le ciel me justifie ; Sans me charger du meurtre, il l’a du moins permis ! Nos jours sont assurés, nos trônes afîermis. Voilà donc ces deux Grecs échappés du naufrage, De qui je dois payer le zèle et le courage ?

ORESTE.

C’est nous-mêmes : j’ai dû. vous offrir ces présents. D’un important trépas gages intéressants. Ce glaive, cet anneau : vous devez les connaître ; Agamemnon les eut quand il fut votre maître ; Oreste les portait.

CLYTEMXESTRE,

Quoi ! c’est vous que mon fils…

ÉGISTHE.

Si vous l’avez vaincu, je vous en dois le prix.

De quel sang êtes-vous ? Qui vois-je en vous paraître ?

ORESTE.

Mon nom n’est point connu… Seigneur, il pourra l’être.

Mon père aux champs troyens a signalé son bras,

Aux yeux de tous ces rois vengeurs de Ménélas.

Il périt dans ces temps de malheurs et de gloire

Qui des Grecs triomphants ont suivi la victoire.

Ma mère m’abandonne, et je suis sans secours ;

Des ennemis cruels ont poursuivi mes jours.

Cet ami me tient lieu de fortune et de père.

J’ai recherché rhonneur et bravé la misère.

Seigneur, tel est mon sort.