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CORRESPONDANCE.

ment[1] ; et quand il a fallu depuis analyser son livre, je l’ai critiqué très-doucement[2].

Vous avez l’esprit trop juste et trop éclairé pour ne pas sentir que j’ai raison. S’il se pouvait, contre toute apparence, que j’eusse le bonheur de vous voir encore, nous parlerions de tout cela en philosophes, en aimant passionnément la mémoire de l’homme aimable dont nous voyons, vous et moi, les petites erreurs.

Adieu, mon cher philosophe, mais philosophe avec de l’esprit et du génie, philosophe avec de la sensibilité. Je vous aime véritablement pour le peu de temps que j’ai encore à ramper dans un coin de ce globule.

8710. — À M. MARIN[3].
14 décembre.

Vous avez raison, mon cher correspondant, de me dire que vous m’envoyez une espèce de livre ; c’est même une espèce de bibliothèque ; c’est une souscription pour la langue primitive et universelle[4] qui contiendra en plusieurs volumes in-folio tous les dictionnaires des langues qu’on a parlées et qu’on parle, pour revenir ensuite au grand dictionnaire de la langue primitive que tous les hommes doivent parler ; après quoi, nous ferons des tragédies et des comédies dans cette belle langue.

En attendant, je vous supplie dans la mienne de vouloir bien faire parvenir ma lettre à M. Saurin.

Est-il vrai que La Beaumelle est hors de Paris ? Vous ne savez peut-être pas s’il y a été.

8711. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[5].
18 décembre.

Mon cher ange, il faut que je vous dise que les deux polissons nommés Blancardi[6] sont à Lyon. Ils m’ont écrit un volume prodigieusement fou et absurde ; ils prétendent que M. le mar-

  1. Voyez tome XIX, page 375, et la Correspondance, année 1759.
  2. Voyez tome XX, page 321.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.
  4. Le Monde primitif, de Court de Gébelin.
  5. Éditeurs, de Cayrol et François.
  6. Voyez la lettre à d’Argental du 8 juillet.