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Que ne vous chargez-vous du vicaire de Simon Barjone, tandis que l’impératrice de Russie époussette le vicaire de Mahomet ? Vous auriez à vous deux purgé la terre de deux étranges sottises. J’avais autrefois conçu ces grandes espérances de vous ; mais vous vous êtes contenté de vous moquer de Rome et de moi, d’aller droit au solide, et d’être un héros très-avisé.

J’avais dans ma petite bibliothèque l’Essai sur les Préjugés, mais je ne l’avais jamais lu ; j’avais essayé d’en parcourir quelques pages, et, n’ayant vu qu’un verbiage sans esprit, j’avais jeté là le livre. Vous lui faites trop d’honneur de le critiquer[1] ; mais béni soyez-vous d’avoir marché sur des cailloux, et d’avoir taillé des diamants ! Les mauvais livres ont quelquefois cela de bon qu’ils en produisent d’utiles.


De la fange la plus grossière
On voit souvent naître des fleurs.
Quand le dieu brillant des neuf Sœurs
La frappe d’un trait de lumière.


Tâchez, je vous prie, sire, d’avoir pitié de mes vieux préjugés en faveur des Grecs contre les Turcs : j’aime mieux la famille de Socrate que les descendants d’Orcan, malgré mon profond respect pour les souverains.

Sire, vous savez bien que, si vous n’étiez pas roi, j’aurais voulu vivre et mourir auprès de vous.

Le vieux Malade ermite.

Je vois que vous ne voulez point des trois Grâces de M. Hennin ; celles qui vous inspirent quand vous écrivez sont beaucoup plus grâces.

7913. — DE M. D’ALEMBERT.
À Paris, ce 8 juin.

Mon cher et illustre confrère, cette lettre vous sera remise par M. Panckoucke, que vous connaissez depuis longtemps, et dont vous m’avez souvent parlé, dans vos lettres, avec estime et avec intérêt. J’espère que cet intérêt augmentera encore, s’il est possible, par celui que je prends à M. Panckoucke, et par la connaissance que vous aurez de l’honnêteté de son caractère, et des sentiments de respect et d’attachement dont il est rempli pour vous. Il va à Genève pour des affaires qui l’intéressent, et je l’ai assuré

  1. Voyez une note sur la lettre 7893.