Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/482

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sie[1] ; en Poméranie et dans la nouvelle Marche, six mille cinq cents : ce qui fait, selon Newton et d’Alembert, quatorze mille cinq cents habitations.

La plus grande partie a été brûlée par les Russes. Nous n’avons pas fait une guerre aussi abominable ; et il n’y a de détruit de notre part que quelques maisons dans les villes que nous avons assiégées, dont le nombre certainement n’approche pas de mille[2]. Le mauvais exemple ne nous a pas séduits ; et j’ai de ce côté-là ma conscience exempte de tout reproche.

À présent que tout est tranquille et rétabli, les philosophes, par préférence, trouveront des asiles chez moi partout où ils voudront ; à plus forte raison l’ennemi de Baal, ou de ce culte que dans le pays où vous êtes on appelle la prostituée de Babylone.

Je vous recommande à la sainte garde d’Épicure, d’Aristippe, de Locke, de Gassendi, de Bayle, et de toutes ces âmes épurées des préjugés, que leur génie immortel a rendues des chérubins attachés à l’arche de la vérité.


Fédéric

Si vous voulez nous faire passer quelques livres dont vous parlez, vous ferez plaisir à ceux qui espèrent en celui qui délivrera son peuple du joug des imposteurs.


6545. — À M. HELVÉTIUS.
Le 27 octobre.

Vous me donnez, mon illustre philosophe, l’espérance la plus consolante et la plus chère. Quoi ! vous seriez assez bon pour venir dans mes déserts ! Ma fin approche, je m’affaiblis tous les jours ; ma mort sera douce, si je ne meurs point sans vous avoir vu.

Oui, sans doute, j’ai reçu votre réponse à la lettre que je vous avais écrite[3] par l’abbé Morellet. Je n’ai pas actuellement un seul Philosophe ignorant[4]. Toute l’édition que les Cramer avaient faite, et qu’ils avaient envoyée en France, leur a été renvoyée bien proprement par la chambre syndicale ; elle est en chemin, et je n’en aurai que dans trois semaines. Ce petit livre est, comme vous savez, de l’abbé Tilladet[5] ; mais on m’impute tout ce que les Cramer impriment, et tout ce qui parait à Genève, en Suisse, et en Hollande. C’est un malheur attaché à cette célébrité fatale

  1. Voyez lettre 6482.
  2. Cela ne va certainement pas à mille maisons, (Édit. de Berlin.)
  3. La dernière est du 20 juin 1765. Rien n’indique que Morellet en fût porteur.
  4. Voyez cet ouvrage, tome XXVI, page 46.
  5. Je ne connais aucune édition du Philosophe ignorant, imprimée sous le nom de Tilladet. (B.) — C’est à deux autres opuscules que Voltaire a mis le nom de cet abbé ; voyez tome XXV, page 129 ; et XXVIII, 90.