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ANNÉE 1766.

de m’imputer. Il faudrait que je ressemblasse à Esdras[1], et que je dictasse jour et nuit, pour faire la dixième partie des écrits dont l’imposture me charge. On poursuit avec acharnement ma vieillesse ; on empoisonne mes derniers jours. Je n’ai d’autre ressource que dans la vérité ; il faut qu’elle paraisse du moins aux yeux des ministres : ils jugeront de toutes ces calomnies par celles de l’éditeur de mes prétendues Lettres. C’est un service qu’il m’aura rendu, et qui pourra servir de bouclier contre les traits dont on accable les pauvres philosophes.

On a annoncé le livre de Fréret[2] dans la Gazette d’Avignon. On y dit, à la vérité, que le livre est dangereux, mais qu’il y a beaucoup de modération et de profondeur.

Adieu, mon cher ami ; je vous embrasse aussi tendrement que je vous regrette.

Je vous demande en grâce de m’envoyer, par la première poste, le factum de M, de La Roque contre M. de Beaumont[3], car je veux absolument juger ce procès au tribunal de ma conscience.


6528. — DE M. LE DUC DE NIVERNAIS[4].
Le 3 octobre 1766.

Je reçois, monsieur, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 29 du mois passé, et je me hâte de vous remercier de toutes les choses obligeantes que vous voulez bien m’y dire. Je ferai le meilleur usage qu’il me sera possible du mémoire qui était joint à votre lettre, et je souhaite de tout mon cœur que les dispositions de M. le comte de Saint-Florentin soient actuellement telles que vous me les dépeignez. Je ne suis nullement en état de les faire naître ; mais je ne négligerai rien pour en profiter, et je lui recommanderai les intérêts du sieur d’Espinasse avec zèle. Si j’obtiens ce que vous désirez pour lui, j’aurai l’honneur de vous en informer sur-le-champ ; et si j’ai le malheur de ne pas réussir, comme je le crains bien, vous l’apprendrez suffisamment par mon silence. Je m’estimerais très heureux si je pouvais concourir au succès de quelque chose qui vous intéresse, et je vous supplie, monsieur, d’en être bien persuadé, ainsi que de tous les sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être, monsieur, etc.

  1. Voyez la note 2, tome XLI, page 487.
  2. L’Examen critique des Apologistes de la religion chrétienne ; voyez page 257.
  3. Dans le procès dont il est parlé au commencement de cette lettre. (B.)
  4. Éditeurs, Bavoux et François.