Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/452

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6516. — À M. CHRISTIN.
22 septembre.

Mon cher philosophe, vous m’avez envoyé un singulier monument de la barbare imbécillité d’une certaine secte ; il n’y a qu’elle, dans l’univers entier, capable de pareilles horreurs. La plupart des hommes n’y font pas d’attention : mais les âmes sensibles sont toujours touchées de ce qui effleure à peine les autres.

On a brûlé à Berne l’Histoire de l’Église[1], qu’on attribue à un certain prince : cela pourra avoir des suites sérieuses.

Je vous prie, mon cher ami, de bien recommander à M. de G… de ne me jamais nommer, et de ne parler de moi que comme d’un agricole qui aime la vertu et la vérité autant que la campagne. Vous savez que, dans un temps de persécution, il faut opposer la discrétion à la méchanceté des hommes. J’ai fait mon compliment à M. Le Riche[2], qui est le Beaumont de la Franche-Comté, et le protecteur de l’innocence. Faites mes tendres compliments, je vous prie, à M. de G… et revenez voir vos amis le plus tôt que vous pourrez.


6517. — À M.***[3].
À Ferney, le 22 septembre.

Je suis très-éloigné de penser, monsieur, que vous ayez la moindre part à l’édition de mes prétendues Lettres données au public par un faussaire calomniateur qui, pour gagner quelque argent, falsifie ce que j’ai écrit, et m’expose au juste ressentiment des personnes les plus respectables du royaume, en substituant des satires infâmes aux éloges que je leur avais donnés.

Les notes dont on a chargé ces Lettres sont encore plus diffamatoires que le texte : vous y êtes loué, et cela est triste. L’éditeur sait en sa conscience qu’aucune de ces lettres n’a été écrite comme il les a imprimées. Si par hasard vous le connaissiez, il serait digne de votre probité de lui remontrer son crime, et de

  1. Ce n’est que l’Avant-propos, qui est du roi de Prusse ; voyez page 203.
  2. Voyez lettre 6484.
  3. Blin de Sainmore étant loué dans une note, page 71, des Lettres de M. de Voltaire à ses amis du Parnasse (voyez tome XXV, page 579), on en a conclu que c’était à lui qu’avait été adressée la lettre du 22 septembre ; mais la lettre 6493 ne détruit-elle pas ces conjectures ?