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qu’il soit, fera plus de cas de votre suffrage qu’il ne craindra leurs clameurs. Quel homme est plus en droit que vous, monsieur, d’opposer sa voix aux cris des fléaux du genre humain ?


5512. — À M. FABRY[1].
7 janvier 1764, à Ferney.

Dans l’état où je suis, monsieur, je compte ne faire d’autre acquisition que celle d’une place aux Quinze-Vingts, et d’un chien barbet pour me conduire avec une ficelle. Personne ne sait plus que moi l’utilité dont le prieuré de Prévezin est au royaume, et j’ai un si profond respect pour les biens de l’Église que je me juge absolument indigne de leur payer des lods et ventes. Ainsi permettez que je n’achète point le domaine qu’on me propose. Soyez bien sûr que tout ce que j’ai trouvé de plus agréable dans ce pays, c’est d’avoir l’honneur de vous connaître ; je vous supplie d’être persuadé de l’attachement inviolable avec lequel je serai toute ma vie, monsieur, votre très-humble et très obéissant serviteur.


Voltaire[2].

5513. — À M. DAMILAVILLE.
7 janvier.

Gabriel ne tâtera plus de mes contes, ils ne courront plus Paris. Ces petites fleurs n’ont de prix que quand on ne les porte pas au marché ; mon cher frère a raison.

J’ai été enchanté du discours de M. Marmontel, quoiqu’il y ait un endroit qui m’ait fait rougir. Il a pris, avec une habileté bien noble et bien adroite, le parti de nos frères contre les Pompignan. Tout annonce, Dieu merci, un siècle philosophique ; chacun brûle les tourbillons de Descartes avec l’Histoire du peuple de Dieu, du frère Berruyer. Dieu soit loué !

Il y a longtemps que je n’ai reçu de lettres de M. et de Mme d’Argental. Je ne sais plus de nouvelles ni des belles-lettres, ni des affaires. Frère Thieriot écrit quatre fois par an, tout au plus. On me dit que le parlement de Grenoble est exilé. Le roi

  1. Éditeur, H. Beaune.
  2. Sur l’adresse : « À monsieur, monsieur Fabri, maire et subdélégué, à Gex. » — Cette lettre, signée seulement de la main de Voltaire, nous a été communiquée par M. Le Serurier. (H. B.)