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du père les monitoires que vous verrez, monsieur, entièrement semblables à ceux qui furent publiés contre les Calas. Voilà un beau champ pour votre éloquence sage et attendrissante. Quels monstres vous avez à combattre, et quels services vous rendez à l’humanité ! Deux parricides en deux mois imputés par le fanatisme !


Tantum relligio potuit suadere malorum !

(Lucrèce, liv. I, v. 102.)


Vous allez tirer un grand bien du plus horrible des maux.

Permettez que je vous embrasse avec la plus tendre amitié. Ma foi, j’en fais autant à votre digne épouse, malgré mes soixante et onze ans passés.


5997. — À M.  DAMILAVILLE.
22 avril.

À monsieur Joaquim Deguia, marques de Marras, à Arcoitia, par Bayonne, en Espagne. C’est, mon cher frère, l’adresse d’un adepte de beaucoup d’esprit, qui s’est adressé à moi, et qui brûlerait le grand inquisiteur s’il en était le maître. Je vous prie de lui envoyer par la poste un des rubans[1] d’Angleterre qu’un fermier général vous a apportés. Cette fabrique prend faveur de jour en jour, malgré les oppositions des autres fabricants, qui craignent pour leur boutique. Ces petits rubans sont bien plus commodes et d’un débit plus aisé que des étoffes plus larges : on en donne à ceux qui savent les placer. Envoyer-en un à Mme  du Deffant, et deux à Mme  la marquise de Coaslin.

Sirven est chez moi. Il griffonne son innocence et la barbarie visigothe. Nous achevons, le temps presse. Voici un mot[2] pour le véritable Élie, avec les pièces.

Nous vous les adressons à vous, mon cher frère, dont la philosophie consiste dans la vertu autant que dans la sagesse.


5998. — À MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT.
22 avril.

Il faut donc que vous sachiez, madame, qu’il y avait un prêtre dans mon voisinage ; son nom était d’Étrée. Ce n’était point la

  1. La nouvelle édition du Catéchisme de l’Honnête Homme, dont il est parlé dans la lettre du 1er avril.
  2. C’est la lettre 5996.