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Je suis indigne d’être Bourguignon. Ayez pitié de mon indignité, de ma misère et de mes maladies, et daignez m’envoyer à Lyon, à l’adresse de M. Camp, par les premiers rouliers, les cent bouteilles du cordial que je vous demande.

Je présente mon respect à Mme  Le Bault. J’ai l’honneur d’être avec les mêmes sentiments, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Voltaire.

5939. — À M.  LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
À Ferney, 13 mars.

Mon héros, je fais donc parvenir, suivant vos ordres, à M. Janel, l’ouvrage de Belzébuth[1], que vous voulez avoir, en supposant, comme de raison, que vous vous entendez avec M. Janel, et qu’il vous donne la permission d’avoir des livres défendus. J’adresse le paquet, à double enveloppe, à M. Tabareau, à Lyon, afin que ce paquet ne porte pas sa condamnation sur le front avec le timbre d’une ville hérétique.

Je vous félicite d’aimer surtout les livres d’histoire. On m’en a promis un de Hollande[2] qui vous fera voir, si vous avez le temps de le lire, combien on s’est moqué de nous en nous donnant des Mille et une Nuits pour des événements véritables.

Je vais actuellement vous présenter avec humilité mon petit commentaire sur votre lettre du 3 de mars. Vous avez donc vu ma lettre[3] à monsieur l’évêque d’Orléans ? Vous y aurez vu que je me loue beancoup de M. l’abbé d’Étrée. Cet abbé d’Étrée vint prendre possession d’un prieuré que monsieur l’évêque d’Orléans lui a donné auprès de Ferney. Il se fit passer pour le petit-neveu du cardinal d’Estrées, et, en cette qualité, il reçut les hommages de la province. Il m’écrivit en homme qui attendait le chapeau, et m’ordonna de venir lui prêter foi et hommage pour un pré dépendant de son bénéfice.

C’est dommage que votre doyen l’abbé d’Olivet[4] ne se trouva pas là ; il m’aurait obtenu la protection de M. l’abbé d’Étrée, car il le connaît parfaitement. L’abbé d’Étrée lui a servi souvent à

  1. Le Dictionnaire philosophique portatif.
  2. La Philosophie de l’Histoire'.
  3. Elle est perdue.
  4. D’Olivet était doyen d’âge de Richelieu ; mais Richelieu était son doyen à l’Académie française.