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Je crains bien de mourir cet hiver : mais je vous promets de ressusciter dans les beaux jours pour aller faire ma cour à Son Altesse électorale, et pour vous embrasser. Bonsoir, mon cher ami et mon cher confrère.


5837. — À M.  DUPONT.
À Ferney, 7 décembre.

Je suppose, mon cher ami, que vous avez reçu, il y a environ trois semaines, une lettre[1] que je vous ai envoyée par Mme du Fresney. Il était question de votre arbitrage entre M. le duc de Wurtemberg et moi chétif. J’essuie de très-grandes difficultés par rapport à ma famille. Je sais bien qu’à mon âge je ne risque rien pour moi ; mais mes héritiers, en faveur de qui j’ai stipulé, peuvent survivre au duc régnant. Je suis très-sûr à présent que les terres sont substituées. Les successeurs de monsieur le duc seront en droit de refuser l’exécution d’un contrat auquel ils n’ont pas consenti. Ils auraient pour prétexte que cette dette n’a pas été acceptée par les états de Wurtemberg : mes héritiers n’auraient pour ressource que la loi de l’honneur et de la bienséance. Je suis bien sûr que les princes frères du duc régnant ne manqueraient pas à cette loi sacrée ; mais par malheur cette loi de l’honneur, qui est dans leur cœur, ne peut entrer dans un contrat, et il faut d’autres sûretés dans une affaire aussi importante.

J’ignore si les états de Wurtemberg voudraient accepter le nouveau contrat proposé, et ratifier en même temps les autres.

J’attends votre sentence d’arbitrage, et je voudrais bien pouvoir vous la demander moi-même. Je vous embrasse de tout mon cœur. V.


5838. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL[2].
À Ferney, 7 décembre.

Mon divin ange, je réponds sur-le-champ à votre lettre du 28 novembre, qui n’arriva qu’hier à Genève, et que je n’ai reçue qu’aujourd’hui. Je suis toujours émerveillé et confondu que vous n’ayez pas reçu par M. de Courteilles ou par M. l’abbé Arnaud un paquet où étaient les provisions des dignités comiques pour

  1. Lettre 5824.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.