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entre la calomnie et les sifflets. Si vous vous plaignez à votre ami d’un libelle fait contre vous, il vous demande vite où on le vend ; si vous êtes affligé qu’on vous impute un mauvais ouvrage, il ne vous répond pas, et il court à l’Opéra-Comique ; si vous lui dites qu’on n’a pas rendu justice à vos derniers vers, il vous rit au nez : ainsi le mieux est toujours de rire aussi.

Je ne sais si votre Duchesne s’appelle André ou Gui, mais, soit Gui, soit André, il a impitoyablement massacré mes tragédies : il les a imprimées comme je les ai faites, avec des fautes innombrables de sa part, comme moi de la mienne. De toutes les républiques, celle des lettres est sans contredit la plus ridicule.


5830. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
27 novembre.
à l’un de mes anges, ou aux deux ensemble.

Les lettres se croisent, et le fil s’embrouille. La lettre du 21 novembre m’apprend ou qu’on n’avait pas encore reçu les lettres patentes de Mlles Doligny et Luzy, ou qu’elles ont été perdues avec un paquet adressé, autant qu’on peut s’en souvenir, à M. de Courteilles. Tous mes paquets ont été envoyés depuis un mois à cette adresse, excepté un ou deux à l’abbé Arnaud ou à Marin. Il serait triste qu’il y eût un paquet d’égaré. Dans ce doute, voici de nouvelles patentes.

Je vous ai mandé[1] que M. de Riclielieu m’avait donné toute liberté sur la distribution de ces bénéfices. Si M. de Richelieu change d’avis, je n’en changerai point ; je crois son goût pour Mlle  d’Épinay[2] passé, et j’imagine que sa fureur de vous contrecarrer sur les affaires du tripot est aussi fort diminuée.

Je vous supplie, mes divins anges, d’assurer M. Marin de ma très-vive reconnaissance. Je voudrais bien pouvoir la lui marquer, et vous me feriez grand plaisir de me dire comment je pourrais m’y prendre.

Il est très-vrai que j’avais fait une balourdise énorme en ajoutant, à la réponse faite à M. de Foncemagne en 1750, les noms du cardinal Albéroni et du maréchal de Belle-Isle[3] ; je fis

  1. Voyez page 365.
  2. Voyez la note, tome XLII, page 308.
  3. Le Testament du cardinal Albéroni est de 1753, celui du maréchal de Belle-Isle est de 1761. C’est une balourdise énorme de les avoir cités dans un morceau que Voltaire disait avoir écrit en 1750.